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Paul Goldman, éditeur

La dépendance aux médias sociaux – un nouveau trouble clinique ?

Dernière mise à jour : 28 mars 2023


Consulter les médias sociaux est devenu une activité de plus en plus populaire au cours de la dernière décennie. Bien que leur utilisation ne pose aucun problème pour la majorité des gens, un petit pourcentage d’utilisateurs deviennent dépendants de ces sites et applications et en font une utilisation excessive, voire compulsive.

Si vous avez déjà égaré votre téléphone, vous avez peut-être ressenti un léger état de panique jusqu’à ce que vous le retrouviez. Selon une étude de Harvard (2018), environ 73 % des personnes déclarent avoir ce type d’anxiété, ce qui n’a rien d’étonnant si l'on considère qu’aux États-Unis et au Canada, les adultes passent en moyenne de 2 à 4 heures par jour sur leurs appareils et y ont plus de 2 600 contacts.

En fait, les psychologues estiment que jusqu’à 5 à 10 % des Nord-Américains répondent aujourd’hui aux critères de dépendance aux médias sociaux.

Une étude récente de l’Université Harvard (2018) affirme que l’autodivulgation sur les réseaux sociaux active la même partie du cerveau que lors de la prise d’une substance causant une dépendance. Cette zone de récompense du cerveau, de la même façon que les voies qu’empruntent les drogues, affecte les décisions et les sensations. La sensation que procure la dopamine et le chemin qu’elle emprunte dans le cerveau sont également les mêmes que ceux que génère une machine à sous dans les casinos (Schultz, 2016).

Selon l’opinion dominante en matière de dépendance, la dépendance à Facebook, Instagram ou Twitter peut être considérée comme un « trouble impulsif » avec une forte composante compulsive.

Une controverse existe toutefois quant à savoir si le trouble est une entité clinique distincte ou une manifestation de troubles psychiatriques sous-jacents.

La recherche a abordé la question sous différents angles, mais sans se baser sur des définitions universellement normalisées ou acceptées, ce qui a entraîné des difficultés dans l’élaboration de recommandations fondées sur des données probantes.

Un cas parmi tant d’autres

Une étude publiée au printemps 2020 (Karaikos, 2020) présente le cas d’une jeune femme qui s’est présentée dans une clinique accompagnée de ses parents, car elle passait environ 5 heures par jour à consulter sa page Facebook. Elle s’était abonnée à ce réseau social il y a 8 mois et s’y était déjà fait plus de 400 amis. Elle manifestait des troubles du sommeil, de l’anxiété et des difficultés majeures à l’école.

Un tel cas se présente chaque jour dans les cliniques de dépendance à travers l’Amérique. On rapporte que de plus en plus d’adolescents utilisant les réseaux sociaux souffrent de troubles obsessifs compulsifs et d’anxiété.

Conséquences sociales

La preuve la mieux documentée de la dépendance à Internet à ce jour est la perturbation du temps, qui entraîne des troubles du sommeil (Chou et Condrion, 2005). Cela n’exclut toutefois pas l’anxiété ou l’état dépressif causé par le manque de « Like » sur sa page Facebook ou Instagram.

Souffrez-vous d’une dépendance ?

Le Réseau national américain des centres de dépendance (addiction centers) fournit une liste de questions afin de déceler si vous présentez les signes d’une dépendance aux médias sociaux :

· Passez-vous beaucoup de temps à penser aux médias sociaux ou à envisager de les utiliser ?

· Ressentez-vous de plus en plus l’envie d’utiliser les médias sociaux ?

· Utilisez-vous les médias sociaux pour oublier vos problèmes personnels ?

· Essayez-vous souvent de réduire votre utilisation des médias sociaux sans y arriver ?

· Devenez-vous agité(e) ou troublé(e) si vous êtes incapable d’utiliser les médias sociaux ?

· Utilisez-vous tellement les médias sociaux que cela a un impact négatif sur votre travail ou vos études ?

Nous sommes souvent de mauvais juges de nos propres actions, alors si vous pensez souffrir d’une dépendance aux médias sociaux, posez ces questions à votre entourage afin d’avoir des réponses peut-être plus sincères quant à l’utilisation que vous en faites.

ADDENDA :

Block (2010) a suggéré quatre critères essentiels au diagnostic d’un usage excessif d’Internet, qui peuvent aussi s’appliquer à l’utilisation des réseaux sociaux en tant que comportement causant la dépendance :

(1) une utilisation excessive d’Internet qui conduit à négliger les interactions avec les autres ;

(2) un comportement de sevrage et des sentiments de colère, de dépression et de tension quand Internet n’est pas accessible ;

(3) un besoin compulsif d’un meilleur équipement informatique, de plus de logiciels ou de plus d’heures d’utilisation ;

(4) des difficultés scolaires et professionnelles, y compris le recours au mensonge, les mauvais résultats au travail ou à l’école, l’isolement social et la fatigue.


1 441 vues1 commentaire

1 Comment


Erika Lajeunesse
il y a 7 jours

Je tiens à vous féliciter pour votre article, que je trouve particulièrement pertinent et captivant. Vous abordez de manière remarquable le rôle de la dopamine et l’activation des mêmes zones cérébrales que lors de la consommation de substances, notamment à travers l’autodivulgation sur les réseaux sociaux.

 

Dans le cadre de mes recherches universitaires, j’ai également constaté que certains comportements favorisaient une prise de conscience face à l’addiction et que des pratiques plus responsables sur les réseaux sociaux pouvaient contribuer à mieux la gérer.

 

Votre article est extrêmement riche et complet, et si vous le permettez, j’aimerais vous partager le lien vers mon article. Je pense qu’il pourrait apporter un complément intéressant grâce aux résultats de mes recherches universitaires.


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