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Paul Goldman, éditeur

Les biais cognitifs — Le biais de confirmation

Dernière mise à jour : 28 mars 2023

Ce texte est le premier d’une série portant sur les biais cognitifs



Le concept de « biais cognitif », introduit au début des années 1970, est le fruit des travaux de recherche des psychologues Daniel Kahneman (prix Nobel d’économie en 2002) et Amos Tversky, qui cherchaient à justifier la prise de décisions parfois irrationnelles dans le domaine de la finance.


Ces deux chercheurs ont pu établir que, dans un contexte où un individu doit porter un jugement rapidement et où il y a de l’incertitude et un grand nombre d’informations, cet individu cherchera inconsciemment à simplifier ses schémas mentaux pour évaluer rapidement la situation et décider. Cette tendance aura toutefois souvent une incidence sur son raisonnement et déformera son appréciation de la réalité, avec comme résultat des prises de décisions irrationnelles.


Les biais cognitifs se définissent donc comme des mécanismes de pensée qui viennent déformer la réalité en raison d’une altération du jugement lié à un dysfonctionnement dans le raisonnement (distorsions cognitives). Ce sont des réflexes de pensée faussement logiques, inconscients et systématiques. S’ils sont aussi appelés « biais inconscients », c’est qu’ils s’appuient sur les conjectures, les croyances et les attitudes apprises qui peuplent notre subconscient. Il s’agit en quelque sorte de raccourcis, ou de déviations, qui permettent d’accélérer et de simplifier le traitement d’informations.


Certains biais s’expliquent par des ressources cognitives limitées (p. ex. temps, informations, intérêt, capacités cognitives). Lorsque ces dernières sont insuffisantes pour réaliser l’analyse nécessaire afin de porter un jugement rationnel, des raccourcis cognitifs, appelés « heuristiques », se substituent à un raisonnement analytique global en établissant des inférences acceptables pour l’individu, qui entraînent une réduction de la complexité. Le décideur recourt en somme à une stratégie cognitive simplifiée pour gagner du temps et faciliter sa prise de décision. Les raccourcis qu’il prend peuvent cependant s’avérer faux d’un point de vue logico-déductif et sont donc susceptibles de générer des biais dans son esprit. S’il convient de repérer et d’analyser ces biais, c’est que les jugements rapides sont souvent à la base de jugements erronés typiques.


D’autres biais reflètent l’intervention de facteurs motivationnels, émotionnels ou moraux. Ce peut être, par exemple, le désir de maintenir une image de soi positive (excès de confiance, autocomplaisance) ou d’éviter une dissonance cognitive (avoir deux croyances incompatibles) déplaisante. À ce sujet, les biais cognitifs ne doivent pas être confondus avec cette dernière. En psychologie sociale, le terme dissonance cognitive désigne le malaise ou la tension ressentie lorsque plusieurs de nos croyances semblent incompatibles entre elles. La dissonance cognitive est en quelque sorte un combat interne, tandis que les biais cognitifs, comme nous le verrons dans leurs différentes expressions, peuvent avoir un impact sur autrui, notamment dans le domaine du recrutement de candidats.


Premier exemple de biais cognitif : le biais de confirmation


Le biais de confirmation est l’un des biais les plus courants. Il se définit par cette tendance que nous avons à rechercher et à utiliser des informations qui confirment nos opinions et nos attentes. En d’autres mots, c’est le fait de sélectionner ou de privilégier les informations qui permettent de corroborer nos idées ou hypothèses préalables et qui sont en accord avec nos croyances ou convictions préexistantes.


Dans ce système de pensée, les analyses alternatives, pouvant contredire nos convictions, seront donc ignorées, discréditées ou réinterprétées, quelles que soient leur qualité ou exactitude (faits avérés). Les opinions opposées aux nôtres seront abordées et traitées de façon très critique, en traquant la moindre faille dans le raisonnement. À l’inverse, des analyses même approximatives mais allant dans le sens de nos propres hypothèses seront systématiquement considérées comme recevables.


Ce biais cognitif nous empêche de réfléchir en toute impartialité, ce qui peut nous amener à mal interpréter ou à négliger certaines informations qui contredisent notre point de vue. Cette tendance à accorder une attention excessive aux données qui appuient nos idées préconçues plutôt qu’à celles qui les contredisent peut être particulièrement pernicieuse, surtout lorsque nos croyances sont construites sur des préjugés (idées souvent négatives, admises sans démonstration préalable). Pour éviter le biais de confirmation, le mieux est de se baser sur plusieurs sources. Lorsque vous testez une hypothèse ou que vous faites des recherches, recueillez des informations issues de sources diverses et variées afin de vous forger un point de vue nuancé.


S’il est toujours agréable d’être conforté dans sa position, il faut penser aux conséquences que peuvent avoir nos jugements si on les met en application. Cela est particulièrement vrai en contexte de recrutement, où une candidature risque d’être éliminée sur la base de fausses perceptions ou accepté sur la base de données subjectives à notre perception. C’est pourquoi il importe de standardiser vos questions d’entretien : tenez-vous-en aux questions d’entretien habituelles de façon à éviter de poser des questions hors sujet ou trop pointues destinées à confirmer votre avis sur un candidat.


Il est important de se rappeler que les tests psychométriques ajoutent une valeur objective à l’appréciation et l’évaluation des candidats.

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