top of page

Notre personnalité est-elle stable tout au cours de notre vie ?

Paul Goldman, éditeur

Dernière mise à jour : 28 mars 2023


Soutenir l’idée que la personnalité de chacun est stable signifierait qu’elle ne change pas. Or, vous vous souvenez probablement de la façon dont vous avez évolué à la suite d’expériences de vie, comme l’éducation et l’attention que vous avez reçues dans votre petite enfance, les succès et les échecs que vous avez connus plus tard, et d’autres événements transformateurs.


Mais la personnalité change-t-elle tout au long de la vie ? Et ces changements observés, sont-ils dus à une maturation intrinsèque de l’individu, ou à l’influence de situations vécues ?


Pour répondre à ces questions, l’une des tâches les plus difficiles dans l’étude de la personnalité a été de développer une taxonomie des traits. Les chercheurs se sont longtemps demandé quels étaient les modèles les plus fiables de covariation des traits entre les individus.


L’établissement d’une taxonomie pour les jeunes a été particulièrement ardue, car la maturation des enfants leur permet d’afficher un ensemble de traits de plus en plus différenciés. Les enfants évoluent rapidement, passant de la manifestation d’un petit nombre d’émotions — intérêt, satisfaction et détresse — au cours de la petite enfance à la manifestation d’un ensemble élargi d’émotions — y compris la joie, la tristesse, la colère, la peur, l’empathie, la fierté, la honte et la culpabilité — à l’âge de 3 ans (Eisenberg, 2000 ; Lewis, 2000).


À l’âge adulte, d’autres changements peuvent être observés : nous avons tendance à devenir plus dominants socialement, plus consciencieux (organisés et fiables) et plus stables émotionnellement entre 20 et 40 ans, alors que l’ouverture aux nouvelles expériences a tendance à diminuer avec l’âge (Roberts, Walton et Viechtbauer, 2006). En d’autres termes, même si nous considérons que notre personnalité est relativement stable, des changements se produisent.


Par ailleurs, le développement de notre personnalité pendant l’enfance a des conséquences durables pour nous. Par exemple, des études montrent qu’une partie de notre réussite professionnelle et de notre satisfaction au travail plus tard dans la vie peut être expliquée par ce qu’était notre personnalité alors que nous étions des enfants[1].


Conclusions d’une étude longitudinale en Allemagne


Une étude auprès d’un échantillon hétérogène de 14 718 Allemands tout au long de l’âge adulte a mené à plusieurs conclusions.


Premièrement, l’âge exerce une influence curviligne complexe sur les niveaux moyens de personnalité. Notre personnalité change rapidement pendant notre jeunesse, se stabilise à l’âge adulte et change de nouveau en fin de vie.


Deuxièmement, la stabilité de l’ordre des rangs de la stabilité émotionnelle, de l’extraversion, de l’ouverture et de l’agréabilité, dans le profil de notre personnalité, suit une fonction en forme de U inversé, atteignant un pic entre 40 et 60 ans et diminuant par la suite, tandis que la conscience montre une stabilité d’ordre en constante augmentation à l’âge adulte. En somme, plus on vieillit, plus notre degré de conscience augmente.


Troisièmement, la personnalité prédit l’occurrence de plusieurs événements de vie majeurs (effets de sélection) et change en réaction à l’expérience de ces événements (effets de socialisation), ce qui suggère que la personnalité peut varier en raison de facteurs autres que la maturation intrinsèque, donc qu’elle est influencée par des facteurs environnementaux.


En résumé, les recherches montrent que la personnalité évolue tout au cours de la vie, mais qu’elle subit des changements plus prononcés à un jeune âge et à un âge avancé, et que ce changement est en partie attribuable aux demandes sociales et aux expériences de vie.



[1] Judge, T. A., & Higgins, C. A. (1999). The big five personality traits, general mental ability, and career success across the life span. Personnel Psychology, 52, 621-652 ; Staw, B. M., Bell, N. E., & Clausen, J. A. (1986). The dispositional approach to job attitudes: A lifetime longitudinal test. Administrative Science Quarterly, 31, 56-77.

Comments


bottom of page