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Paul Goldman, éditeur

Peut-on prédire le risque de comportement agressif au volant ?

Dernière mise à jour : 1 sept. 2021


La conduite la plus appropriée est évidemment celle qui est prudente et patiente.


Dans une étude publiée en Norvège, un chercheur a examiné la relation entre la conduite agressive envers les cyclistes et les traits de la personnalité.


Mikkel M. Thørrisen, Personality and Driving Behavior. The Role of Extraversion and Neuroticism in Drivers' Behavior Toward Bicyclists, University of Oslo, 2013.


Notre attitude au volant comprend un large éventail de catégories comportementales et nos traits de personnalité influencent notre façon de réagir aux évènements qui surviennent lors de notre conduite. Selon les interactions entre les divers aspects de notre personnalité, Ben-Ari, Mikulincer et Gillath (2004) distinguent quatre styles de conduite :


– la conduite imprudente ;

– la conduite anxieuse ;

– la conduite agressive et hostile ;

– la conduite prudente et patiente.


La conduite la plus appropriée est évidemment celle qui est prudente et patiente. Les autres types de conduite peuvent augmenter les risques sur la route et mener à des accidents.


Examinons comment les facteurs environnementaux et les facteurs individuels influent sur notre type de conduite.


Facteurs environnementaux


La circulation automobile, les comportements des autres conducteurs, le stress lié à la gestion du temps et les conditions climatiques peuvent avoir un effet sur notre conduite au volant. Ces facteurs sont importants, mais la façon dont nous réagissons à ces contraintes environnementales l’est tout autant.


Facteurs individuels


Tout conducteur est, de temps en temps, exposé à des situations d'agressivité, mais, comme les autres usagers de la route, tous les conducteurs ne se comportent pas de manière agressive.

Le comportement lors de la conduite d’un véhicule, comme le comportement humain en général, est influencé à la fois par des facteurs environnementaux et des tendances individuelles, telles que la personnalité (Jovanovic, Lipovac, Stanojevic 2011). Deux grandes dimensions de la personnalité ont plus d’incidence que les autres sur notre façon de conduire.


Extraversion et névrose


Conformément à la taxonomie de la personnalité des Big Five, les dimensions extravertie et névrotique de la personnalité des conducteurs ont été mesurées à l'aide de la version norvégienne du Big Five Inventory (BFI) (Engvik et Føllesdal, 2005).


Le rôle de l’extraversion dans le comportement des conducteurs à l’égard des cyclistes s’est avéré positif. Les conducteurs ayant un degré d’extraversion plus élevé ont rapporté avoir des comportements plus agressifs envers les cyclistes sur la route. Selon l'hypothèse formulée et en accord avec des recherches antérieures sur la conduite agressive, la conduite à risque et la participation à un accident de la route se trouveraient ainsi accrues

(Benfield et collab., 2007 ; Clarke et Robertson, 2006 ; Jonah, 1997 ; Lajunen, 2001 ; Oltedal et Rundmo, 2006).


En effet, les conducteurs ayant un taux élevé d'extraversion (dits extravertis) ont tendance à signaler un comportement agressif plus élevé envers les cyclistes que les conducteurs ayant un faible taux d'extraversion (ou introvertis). Si on ajoute la notion de recherche de sensations fortes chez l’individu, le risque augmente davantage (Engvik et Føllesdal, 2005).


Le rôle du névrosisme dans le comportement des conducteurs envers les cyclistes


Confirmant l’hypothèse retenue par l’étude norvégienne, les conducteurs instables sur le plan émotionnel ont signalé un comportement plus agressif envers les cyclistes que les conducteurs stables émotionnellement.


Différents aspects de la névrosepeuvent être à l’origine de l’association positive entre la névrose et le comportement agressif envers les cyclistes.


D’une part, les personnes qui ont un haut niveau de névrose sont généralement sujettes à la détresse psychologique et particulièrement vulnérables au stress. Le névrosisme a en effet été identifié comme un puissant facteur prédictif du stress chez les conducteurs (Matthews, Dorn et Glendon, 1991), peut-être parce que le névrosisme est associé à des stratégies d'adaptation inefficaces (Dorn et Matthews, 1992).


D’autre part, les personnes qui obtiennent des résultats élevés en matière de névrosisme signalent un recours plus fréquent aux approches agressives et conflictuelles que les autres (Galovski et Blanchard, 2004). Les réactions au stress comprennent une diminution des capacités cognitives et des capacités de performance (Steffy, Jones, Murphy et Kunz, 1986), et les individus hautement névrotiques peuvent être plus réactifs au stress que les autres dans la circulation (Clarke et Robertson, 2005).


En tant que telles, les personnes ayant un degré de névrose plus élevé peuvent réagir de manière particulièrement négative en présence de facteurs de stress environnementaux.


Conclusions


L’extraversion a eu un effet positif direct sur le comportement agressif, tandis que la névrose a eu un effet négatif direct sur le comportement prévenant et un effet positif direct sur le comportement agressif.


Comme prévu, la présente étude a révélé que les conducteurs émotionnellement instables ont signalé un comportement moins prévenant envers les cyclistes que les conducteurs stables sur le plan émotionnel. Ils ont donc plus tendance à avoir des comportements agressifs.


Limites de l’étude


La présente étude est basée sur une enquête menée sur Internet. Les enquêtes de ce type atteignent un grand nombre de répondants potentiels et peuvent être administrées rapidement sans coûts élevés. Cependant, les enquêtes en général et les enquêtes sur Internet en particulier présentent des limites qui leur sont inhérentes. Le biais de non-réponse est notamment préoccupant. Ce biais devient un problème lorsque ceux qui répondent systématiquement diffèrent de ceux qui ne le font pas.


Par ailleurs, l’échantillon révèle une répartition très inégale entre les sexes (28 % de femmes et 72 % d’hommes). Or, des études ont montré que les hommes ont tendance à conduire plus agressivement que les femmes (par exemple, Lajunen et Parker, 2001 ; Miller, Azrael, Hemenway et Solop, 2002 ; Parker, Lajunen et Summala, 2002).


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Pour plus d’informations, contactez-nous.

Paul Goldman, CPA-CA MBA, éditeur

514 382-3000

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